jeudi 13 mars 2014

Guérir avec les plantes médicinales : livres sur les plantes adaptogènes

Dans cet article je tiens à vous présenter les deux livres dont je me sers comme référence lorsque je veux parler des plantes médicinales adaptogènes. Pour ceux d’entre vous qui me suivez régulièrement, vous savez sûrement que ces plantes servent à diminuer età prévenir l’impact du stress chronique sur l’organisme (immunité,inflammation, système nerveux et endocrinien).
En quelques phrases, pour les nouveaux, lorsque nous percevons la réalité comme étant dangereuse, ou si nous avons de la difficulté à exprimer nos émotions de façon efficace, il s’ensuit une réponse physiologique avec sécrétion de cortisol par les glandes surrénales. Lorsque cette sécrétion est chronique plusieurs fonctions biologiques sont affectés : déséquilibre immunitaire, endocrinien et du système nerveux. Les plantes médicinales que l’on nomme adaptogènes ont la capacité de prévenir et réparer ces « dégâts » causés par le stress en agissant directement sur les glandes surrénales, l’hypophyse et l’hypothalamus ainsi qu’en régulant la production de cortisol. Ces plantes sont donc aussi utiles lorsqu’il y a une déficience en cortisol (fatigue chronique par exemple), résultant souvent d’une fatigue des glandes surrénales due au stress.
Malheureusement, la bibliothèque d’un herboriste se compose surtout de livres en anglais. Les auteurs étant plus nombreux et la pratique plus active en Amérique du Nord et en Angleterre.
Adaptogens in Medical Herbalism : Elite Herbs and Natural Compounds for Mastering Stress, Aging, and Chronic Disease – Donald Yance, CN, MH, RH (AHG) - 2013
J’ai eu la chance de suivre une formation avec cet herboriste américain, propriétaire d’une clinique en Oregon qui se spécialise dans le traitement du cancer avec les produits de santé naturels. Donald Yance est aussi consultant pour plusieurs cliniques oncologiques intégratives aux États-Unis où les traitements conventionnels de chimiothérapie et radiothérapie sont combinés aux plantes médicinales et suppléments. J’attendais avec impatience la sortie de ce livre cet automne puisque dans ses formations comme dans ses livres, Donald Yance est capable de synthétiser des résultats de recherches scientifiques très récentes avec son expérience de clinicien, tout en faisant des liens entre les différents systèmes physiologiques pour expliquer des processus complexes comme le diabète ou l’impact du stress sur la thyroïde par exemple.
La première partie de ce livre de 658 pages est consacrée au fonctionnement de l’organisme et aux conséquences du stress chronique sur le système cardiovasculaire ou le squelette par exemple, sans oublier notre santé spirituelle – l’auteur ayant été moine franciscain par le passé. Juste cette moitié du livre vaut selon moi son achat. Les notions sont expliquées de façon exhaustive et claire.
La deuxième partie de l’ouvrage se consacre aux différentes plantes médicinales et produits de santé naturels qui peuvent composer un traitement. J’avoue avoir été un peu déçue par le peu de profondeur de chaque monographie, mais c’est compensé par la variété de sujets couvert- ce qui en fait un excellent livre de référence selon moi.
Adaptogens : Herbs for Strength, Stamina, and Stress Relief – David Winston RH (AHG) and Steven Maimes - 2007
Ce deuxième livre plus court mais tout aussi intéressant a été écrit par Steven Maimes (anciennement propriétaire d’un fabricant de produits de santé naturels et aujourd’hui chercheur et auteur) et David Winston (herboriste clinicien – critère important lorsque j’utilise un livre comme référence puisque les plantes médicinales peuvent avoir de nombreux effets en laboratoire ou dans les livres qui ne se traduisent pas toujours par une action concrète dans la pratique). Comme le premier livre dont je vous parlais, la première partie est consacrée à l’explication de phénomènes physiologiques liés au stress et est suivi en deuxième partie de monographies de plantes médicinales adaptogènes et autres utiles pour traiter les déséquilibres découlant de stress chronique.
Étant plus court, ce deuxième livre est aussi plus concis; ce qui est utile lorsqu’on n’a pas forcément beaucoup de temps à accorder à une recherche. Il est aussi écrit dans un langage plus accessible, donc plus facile pour les francophones.
Si vous connaissez des bons livres sur le sujet écrit en français, je vous invite à m’écrire en laissant un commentaire au bas de cet article.

9 janvier 2014


Équilibre, santé et vitalité – deuxième partie


Ces concepts sont connus depuis longtemps maintenant. Déjà en 1936, le professeur canadien Hans Selye avait émis la théorie selon laquelle le stress serait la source de plusieurs maladies chroniques puisqu’il crée des déséquilibres physiologiques importants. Dans les années 1930, en faisant des recherches sur les impacts physiologiques du stress, il avait élaboré une théorie voulant que le corps réagisse aux évènements en trois phases : l’alarme, la résistance et l’épuisement, chacune ayant ses réactions biochimiques propres.
1- Phase d’alarme : Lorsqu’il y a perception de danger ou adaptation à un changement, l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales sont appelées à réagir. Ces dernières produisent plusieurs hormones, dont le cortisol, pour augmenter le métabolisme et nous permettre d’attaquer ou de fuir le danger. Une fois ce dernier passé, le corps retourne à son état normal.
Durant cette phase, les plantes médicinales adaptogènes vont augmenter la vitalité et la réserve d’énergie nécessaires à tous ces processus physiologiques en modulant les sécrétions hormonales, surtout le cortisol. Par exemple, elles vont augmenter la sensibilité de l’hypothalamus à cette dernière pour qu’une moins grande quantité soit nécessaire à l’obtention d’une réponse. De plus, elles réduisent les réactions aux stresseurs, retardant ainsi la phase d’épuisement, et elles nourrissent les glandes surrénales pour contrecarrer une demande accrue de ces hormones.
2- Phase de résistance : Dans cette deuxième phase, l’organisme tente de résister au stress. Les niveaux d’hormones restent élevés et peuvent perturber l’homéostasie et causer des dommages aux organes internes, ce qui rend le corps plus vulnérable aux maladies. L’énergie nécessaire à ces processus diminue avec le temps et entraîne un épuisement physiologique. Comme dans la phase d’alarme, les plantes adaptogènes sont ici très importantes pour soutenir les différentes glandes impliquées et augmenter la vitalité afin de retarder la phase d’épuisement.
3-  Phase d’épuisement : Dans cette dernière phase, la perception de danger dure depuis longtemps. L’organisme a perdu sa capacité d’adaptation, et c’est là qu’on voit apparaître plusieurs problèmes de santé, notamment de la fatigue, de l’insomnie, des déséquilibres immunitaires (maladies auto-immunitaires, infections à répétition, inflammation, etc.). À ce stade, les plantes adaptogènes sont essentielles pour régénérer les glandes surrénales, rééquilibrer les différentes sécrétions hormonales et permettre ainsi de recouver la santé.
Plantes médicinales adaptogènes
Toutes les plantes médicinales dites adaptogènes vont donc, en agissant sur l’axe entre l’hypophyse, l’hypothalamus et les glandes surrénales, augmenter la vitalité et l’énergie, et ramener l’homéostasie. Ainsi, les tissus pourront être réparés, et les divers processus physiologiques, normalisés (pression artérielle, sécrétion de neurotransmetteurs, glycémie, etc.). Ces plantes ont toutes une action cumulative, c’est-à-dire que plus elles sont consommées sur une longue période (trois mois à un an), plus leur action sera profonde et durable. En général les gens voient une amélioration dans leur niveau d’énergie, leur capacité d’adaptation aux changements et la qualité de leur sommeil, après trois à quatre semaines. Mais ces changements ne font que s’enraciner avec le temps. Il est donc très important de continuer la prise pendant plusieurs mois.
Même si elles ont toutes des actions communes par leur mode de fonctionnement, chaque plante sera un peu différente et aura des « spécialités » que je vais tenter de vous décrire. La meilleure façon de savoir ce qu’une plante médicinale a comme effet est de l’essayer pendant une longue période, de cohabiter avec elle et de la laisser imprégner toutes nos cellules. Je vous invite donc à en choisir une qui semble mieux vous convenir pour en consommer au quotidien, sous différentes formes (teinture, infusion ou décoction), au moins jusqu’au printemps, sinon pendant un an. Vous m’en direz des nouvelles.
Rhodiola – Rhodiola rosea
Rhodiola rosea
La racine de cette plante grasse indigène présente dans toute la zone circumpolaire, du Canada à la Sibérie, a été abondamment étudiée pour ses propriétés médicinales, ce qui prouve qu’elle est tout aussi intéressante que le ginseng (Panax ginseng) en tant que plante énergisante, mais sans la sur-stimulation que peut apporter ce dernier. Elle est même plus efficace comme protectrice durant les périodes de stress intense. Elle augmente rapidement l’énergie physique, la concentration et la mémoire. Elle est aussi « cardio-protectrice », c’est-à-dire qu’elle normalise les fonctions cardiaques et aide à guérir les maladies cardiovasculaires en lien avec le stress chronique comme l’hypertension, les AVC et les infarctus. De plus, elle diminue l’anxiété, et c’est une plante de choix dans un mélange contre la dépression, surtout liée à la fatigue et au surmenage.
Parce qu’elle augmente la circulation du sang au cerveau et agit sur l’axe entre l’hypophyse, l’hypothalamus et les glandes surrénales, comme toutes les adaptogènes, le rhodiola est intéressant durant une convalescence à la suite d’un traumatisme du cerveau, d’un déficit d’attention, ou encore pour  prévenir des maladies dégénératives comme celles d’Alzheimer ou de Parkinson. Ses racines possèdent une agréable odeur de rose, mais sont aussi très astringentes. Il est donc important de les combiner à d’autres plantes médicinales pour éviter de trop assécher l’organisme.
Ashwagandha – Whitania somnifera
Whitania somnifera
Cette plante de la famille des solanacées est une plante indigène des régions sèches subtropicales de l’Inde et du Pakistan. Contrairement au rhodiola, les racines d’ashwagandha ont plutôt une action calmante. Comme son nom latin (somnifera) l’indique, cette plante est utilisée pour favoriser le sommeil, autant pour s’endormir rapidement que pour dormir profondément. De plus, ses racines ont une action marquée sur la thyroïde, surtout en cas d’hypothyroïdie.
J’aime choisir l’ashwagandha lorsqu’il y a inflammation ou douleur chronique, surtout si celle-ci est en lien avec une période de stress chronique. Combinée à la racine de curcuma (Curcuma longa), cette plante est très efficace pour contrôler la douleur.
Astragale – Astragalus membranaceus
Semences d'astragale
Astragalus membranaceus
Les racines d’astragale, une plante originaire de Chine, sont utilisées traditionnellement pour améliorer l’énergie et l’immunité. Concrètement, cette plante réchauffe en profondeur et nourrit le système immunitaire pour qu’il combatte plus efficacement les infections. Elle est particulièrement intéressante en cas de fatigue, accompagnée de sensation de froid et de lourdeur au niveau des membres.
Par contre, comme c’est une plante réchauffante, elle est déconseillée en cas de fièvre, d’infection aigüe ou de trop forte chaleur, comme les bouffées de chaleur à la ménopause.
Basilic sacré – Ocimum sanctum
Cette plante originaire d’Inde et d’Asie est une plante adaptogène calmante qui a une grande influence sur le système nerveux. Elle est particulièrement intéressante lorsqu’il y a anxiété et dépression, pour calmer et protéger les glandes surrénales et le système nerveux de l’impact du stress chronique. Contrairement aux autres plantes adaptogènes qui doivent en général être consommées sous forme de décoction, de sirop ou d’extraits concentrés, Les sommités fleuries de basilic sacré peuvent être prises en infusion. De plus, de nombreuses études démontrent son efficacité sur la régulation de la glycémie (hypoglycémie, syndrome métabolique ou diabète).
J’imagine que vous êtes maintenant convaincus, si vous ne l’étiez pas déjà à la fin du premier article. Je voudrais par contre souligner l’importance de combiner ces plantes merveilleuses à une forme d’exercice régulier adaptée à la quantité d’énergie disponible, ainsi qu’à des périodes de méditation ou à des temps d’arrêt complet dans la journée. En effet, ces moments d’immobilité permettent au corps, comme à la nature en hiver, de se régénérer, d’emmagasiner de l’énergie plutôt que de la dépenser et de faire le point pour prendre pleinement conscience de ce qui est important. Ainsi, on peut choisir où cette nouvelle énergie et ce regain de vitalité vont être le mieux employés pour notre bonheur et notre santé.
Références :
Winston, David et S. Maimes. Adaptogens: Herbs for Strength, Stamina, and Stress Relief. Healing Arts Press, 2007.
Yance, Donald. Adaptogens in Medical Herbalism – Elite Herbs and Natural Compounds for Mastering Stress, Aging and Chronic Disease. Healing Arts Press, 2013. 


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