Dans cet article je tiens à vous
présenter les deux livres dont je me sers comme référence lorsque je veux
parler des plantes médicinales adaptogènes. Pour ceux d’entre vous qui me
suivez régulièrement, vous savez sûrement que ces
plantes servent à diminuer età prévenir l’impact du stress chronique
sur l’organisme (immunité,inflammation, système nerveux et endocrinien).
Les
plantes médicinales adaptogènes et l’immunité seront aussi le sujet d’un
atelier d’herboristerie pour intermédiaires et avancés le 15 février à
Bromont.
En quelques phrases, pour les
nouveaux, lorsque nous percevons la réalité comme étant dangereuse, ou si nous
avons de la difficulté à exprimer nos émotions de façon efficace, il s’ensuit
une réponse physiologique avec sécrétion de cortisol par les glandes
surrénales. Lorsque cette sécrétion est chronique plusieurs fonctions
biologiques sont affectés : déséquilibre immunitaire, endocrinien et du
système nerveux. Les plantes médicinales que l’on nomme adaptogènes ont la
capacité de prévenir et réparer ces « dégâts » causés par le stress
en agissant directement sur les glandes surrénales, l’hypophyse et
l’hypothalamus ainsi qu’en régulant la production de cortisol. Ces plantes sont
donc aussi utiles lorsqu’il y a une déficience en cortisol (fatigue chronique
par exemple), résultant souvent d’une fatigue des glandes surrénales due au
stress.
Malheureusement, la bibliothèque
d’un herboriste se compose surtout de livres en anglais. Les auteurs étant plus
nombreux et la pratique plus active en Amérique du Nord et en Angleterre.
Adaptogens in Medical Herbalism : Elite Herbs and Natural
Compounds for Mastering Stress, Aging, and Chronic Disease – Donald Yance, CN,
MH, RH (AHG) - 2013
J’ai eu la chance de suivre une
formation avec cet herboriste américain, propriétaire d’une clinique en Oregon
qui se spécialise dans le traitement du cancer avec les produits de santé
naturels. Donald Yance est aussi consultant pour plusieurs cliniques
oncologiques intégratives aux États-Unis où les traitements conventionnels de
chimiothérapie et radiothérapie sont combinés aux plantes médicinales et
suppléments. J’attendais avec impatience la sortie de ce livre cet automne
puisque dans ses formations comme dans ses livres, Donald Yance est capable de
synthétiser des résultats de recherches scientifiques très récentes avec son
expérience de clinicien, tout en faisant des liens entre les différents
systèmes physiologiques pour expliquer des processus complexes comme le diabète
ou l’impact du stress sur la thyroïde par exemple.
La première partie de ce livre
de 658 pages est consacrée au fonctionnement de l’organisme et aux conséquences
du stress chronique sur le système cardiovasculaire ou le squelette par
exemple, sans oublier notre santé spirituelle – l’auteur ayant été moine
franciscain par le passé. Juste cette moitié du livre vaut selon moi son achat.
Les notions sont expliquées de façon exhaustive et claire.
La deuxième partie de l’ouvrage
se consacre aux différentes plantes médicinales et produits de santé naturels qui
peuvent composer un traitement. J’avoue avoir été un peu déçue par le peu de
profondeur de chaque monographie, mais c’est compensé par la variété de sujets
couvert- ce qui en fait un excellent livre de référence selon moi.
Adaptogens : Herbs for Strength, Stamina, and Stress Relief –
David Winston RH (AHG) and Steven Maimes - 2007
Ce deuxième livre plus court
mais tout aussi intéressant a été écrit par Steven Maimes (anciennement
propriétaire d’un fabricant de produits de santé naturels et aujourd’hui chercheur
et auteur) et David Winston (herboriste clinicien – critère important lorsque
j’utilise un livre comme référence puisque les plantes médicinales peuvent
avoir de nombreux effets en laboratoire ou dans les livres qui ne se traduisent
pas toujours par une action concrète dans la pratique). Comme le premier livre
dont je vous parlais, la première partie est consacrée à l’explication de
phénomènes physiologiques liés au stress et est suivi en deuxième partie de
monographies de plantes médicinales adaptogènes et autres utiles pour traiter
les déséquilibres découlant de stress chronique.
Étant plus court, ce deuxième
livre est aussi plus concis; ce qui est utile lorsqu’on n’a pas forcément
beaucoup de temps à accorder à une recherche. Il est aussi écrit dans un
langage plus accessible, donc plus facile pour les francophones.
Si vous connaissez des bons
livres sur le sujet écrit en français, je vous invite à m’écrire en laissant un
commentaire au bas de cet article.
9 janvier 2014
Équilibre, santé et vitalité – deuxième partie
Ces
concepts sont connus depuis longtemps maintenant. Déjà en 1936, le professeur
canadien Hans Selye avait émis la théorie selon laquelle le stress serait la
source de plusieurs maladies chroniques puisqu’il crée des déséquilibres
physiologiques importants. Dans les années 1930, en faisant des recherches sur
les impacts physiologiques du stress, il avait élaboré une théorie voulant que le
corps réagisse aux évènements en trois phases : l’alarme, la résistance et
l’épuisement, chacune ayant ses réactions biochimiques propres.
1- Phase d’alarme : Lorsqu’il y a perception de danger ou adaptation à
un changement, l’hypothalamus, l’hypophyse et les glandes surrénales sont
appelées à réagir. Ces dernières produisent plusieurs hormones, dont le
cortisol, pour augmenter le métabolisme et nous permettre d’attaquer ou de fuir
le danger. Une fois ce dernier passé, le corps retourne à son état normal.
Durant cette phase, les plantes médicinales adaptogènes vont augmenter
la vitalité et la réserve d’énergie nécessaires à tous ces processus
physiologiques en modulant les sécrétions hormonales, surtout le cortisol. Par
exemple, elles vont augmenter la sensibilité de l’hypothalamus à cette dernière
pour qu’une moins grande quantité soit nécessaire à l’obtention d’une réponse.
De plus, elles réduisent les réactions aux stresseurs, retardant ainsi la phase
d’épuisement, et elles nourrissent les glandes surrénales pour contrecarrer une
demande accrue de ces hormones.
2- Phase de résistance : Dans cette deuxième phase, l’organisme tente de
résister au stress. Les niveaux d’hormones restent élevés et peuvent perturber
l’homéostasie et causer des dommages aux organes internes, ce qui rend le corps
plus vulnérable aux maladies. L’énergie nécessaire à ces processus diminue avec
le temps et entraîne un épuisement physiologique. Comme dans la phase d’alarme,
les plantes adaptogènes sont ici très importantes pour soutenir les différentes
glandes impliquées et augmenter la vitalité afin de retarder la phase
d’épuisement.
3- Phase d’épuisement : Dans cette dernière phase, la perception de danger
dure depuis longtemps. L’organisme a perdu sa capacité d’adaptation, et c’est
là qu’on voit apparaître plusieurs problèmes de santé, notamment de la fatigue,
de l’insomnie, des déséquilibres immunitaires (maladies auto-immunitaires,
infections à répétition, inflammation, etc.). À ce stade, les plantes
adaptogènes sont essentielles pour régénérer les glandes surrénales, rééquilibrer
les différentes sécrétions hormonales et permettre ainsi de recouver la santé.
Plantes médicinales adaptogènes
Toutes
les plantes médicinales dites adaptogènes vont donc, en agissant sur l’axe
entre l’hypophyse, l’hypothalamus et les glandes surrénales, augmenter la
vitalité et l’énergie, et ramener l’homéostasie. Ainsi, les tissus pourront
être réparés, et les divers processus physiologiques, normalisés (pression
artérielle, sécrétion de neurotransmetteurs, glycémie, etc.). Ces plantes ont
toutes une action cumulative, c’est-à-dire que plus elles sont consommées sur
une longue période (trois mois à un an), plus leur action sera profonde et
durable. En général les gens voient une amélioration dans leur niveau
d’énergie, leur capacité d’adaptation aux changements et la qualité de leur
sommeil, après trois à quatre semaines. Mais ces changements ne font que
s’enraciner avec le temps. Il est donc très important de continuer la prise
pendant plusieurs mois.
Même
si elles ont toutes des actions communes par leur mode de fonctionnement,
chaque plante sera un peu différente et aura des « spécialités » que
je vais tenter de vous décrire. La meilleure façon de savoir ce qu’une plante
médicinale a comme effet est de l’essayer pendant une longue période, de
cohabiter avec elle et de la laisser imprégner toutes nos cellules. Je vous
invite donc à en choisir une qui semble mieux vous convenir pour en consommer
au quotidien, sous différentes formes (teinture, infusion ou décoction), au
moins jusqu’au printemps, sinon pendant un an. Vous m’en direz des nouvelles.
Rhodiola – Rhodiola rosea
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Rhodiola rosea |
La
racine de cette plante grasse indigène présente dans toute la zone
circumpolaire, du Canada à la Sibérie, a été abondamment étudiée pour ses
propriétés médicinales, ce qui prouve qu’elle est tout aussi intéressante que
le ginseng (Panax ginseng) en tant
que plante énergisante, mais sans la sur-stimulation que peut apporter ce
dernier. Elle est même plus efficace comme protectrice durant les périodes de
stress intense. Elle augmente rapidement l’énergie physique, la concentration
et la mémoire. Elle est aussi « cardio-protectrice », c’est-à-dire
qu’elle normalise les fonctions cardiaques et aide à guérir les maladies
cardiovasculaires en lien avec le stress chronique comme l’hypertension, les AVC
et les infarctus. De plus, elle diminue l’anxiété, et c’est une plante de choix
dans un mélange contre la dépression, surtout liée à la fatigue et au
surmenage.
Parce
qu’elle augmente la circulation du sang au cerveau et agit sur l’axe entre
l’hypophyse, l’hypothalamus et les glandes surrénales, comme toutes les
adaptogènes, le rhodiola est intéressant durant une convalescence à la suite
d’un traumatisme du cerveau, d’un déficit d’attention, ou encore pour prévenir des maladies dégénératives comme celles
d’Alzheimer ou de Parkinson. Ses racines possèdent une agréable odeur de rose,
mais sont aussi très astringentes. Il est donc important de les combiner à
d’autres plantes médicinales pour éviter de trop assécher l’organisme.
Ashwagandha – Whitania somnifera
![]() |
Whitania somnifera |
Cette
plante de la famille des solanacées est une plante indigène des régions sèches
subtropicales de l’Inde et du Pakistan. Contrairement au rhodiola, les racines
d’ashwagandha ont plutôt une action calmante. Comme son nom latin (somnifera) l’indique, cette plante est utilisée
pour favoriser le sommeil, autant pour s’endormir rapidement que pour dormir
profondément. De plus, ses racines ont une action marquée sur la thyroïde,
surtout en cas d’hypothyroïdie.
J’aime
choisir l’ashwagandha lorsqu’il y a inflammation ou douleur chronique, surtout
si celle-ci est en lien avec une période de stress chronique. Combinée à la
racine de curcuma (Curcuma longa), cette
plante est très efficace pour contrôler la douleur.
Astragale – Astragalus membranaceus
Semences d'astragale Astragalus membranaceus |
Les
racines d’astragale, une plante originaire de Chine, sont utilisées
traditionnellement pour améliorer l’énergie et l’immunité. Concrètement, cette
plante réchauffe en profondeur et nourrit le système immunitaire pour qu’il combatte
plus efficacement les infections. Elle est particulièrement intéressante en cas
de fatigue, accompagnée de sensation de froid et de lourdeur au niveau des
membres.
Par
contre, comme c’est une plante réchauffante, elle est déconseillée en cas de
fièvre, d’infection aigüe ou de trop forte chaleur, comme les bouffées de
chaleur à la ménopause.
Basilic sacré – Ocimum sanctum
Cette
plante originaire d’Inde et d’Asie est une plante adaptogène calmante qui a une
grande influence sur le système nerveux. Elle est particulièrement intéressante
lorsqu’il y a anxiété et dépression, pour calmer et protéger les glandes
surrénales et le système nerveux de l’impact du stress chronique. Contrairement
aux autres plantes adaptogènes qui doivent en général être consommées sous
forme de décoction, de sirop ou d’extraits concentrés, Les sommités fleuries de
basilic sacré peuvent être prises en infusion. De plus, de nombreuses études démontrent
son efficacité sur la régulation de la glycémie (hypoglycémie, syndrome
métabolique ou diabète).
J’imagine
que vous êtes maintenant convaincus, si vous ne l’étiez pas déjà à la fin du
premier article. Je voudrais par contre souligner l’importance de combiner ces
plantes merveilleuses à une forme d’exercice régulier adaptée à la quantité
d’énergie disponible, ainsi qu’à des périodes de méditation ou à des temps
d’arrêt complet dans la journée. En effet, ces moments d’immobilité permettent
au corps, comme à la nature en hiver, de se régénérer, d’emmagasiner de
l’énergie plutôt que de la dépenser et de faire le point pour prendre
pleinement conscience de ce qui est important. Ainsi, on peut choisir où cette
nouvelle énergie et ce regain de vitalité vont être le mieux employés pour
notre bonheur et notre santé.
Références :
Winston,
David et S. Maimes. Adaptogens: Herbs
for Strength, Stamina, and Stress Relief. Healing Arts Press, 2007.
Yance, Donald. Adaptogens in Medical Herbalism – Elite
Herbs and Natural Compounds for Mastering Stress, Aging and Chronic Disease.
Healing Arts Press, 2013.
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