lundi 17 mars 2014

abeilles les causes de stress: l'Efsa pointe les lacunes scientifiques

L'Efsa appelle à la création d'un réseau de recherche européen pour développer une approche globale en matière d'évaluation des facteurs de stress (parasites, pesticides, médicaments vétérinaires…) qui nuisent à la santé de abeilles.

L'Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) a publié le 13 mars un rapport présentant les conclusions des travaux d'évaluation des risques pour les abeilles menés dans l'Union européenne. Le but du rapport, rédigé en coopération avec la Commission européenne et certains États membres, est de mettre en lumière "les lacunes" observées dans les connaissances disponibles actuellement. Il vise à développer, à l'échelle de l'UE, un "programme harmonisé" d'évaluation des risques environnementaux pour les abeilles associés aux "multiples facteurs de stress" chez l'espèce : parasites, maladies, malnutrition et effets de certains produits chimiques tels que les pesticides ou médicaments vétérinaires.
Le  groupe de travail de l'Efsa a analysé 220 projets de recherche sur la santé des abeilles en cours dans l'UE, en 2012 et 2013. Il a également étudié 33 recherches supplémentaires "traitant d'aspects généraux relatifs à l'abeille", menées par des organisations internationales.
"Notre analyse révèle que la santé des abeilles fait l'objet de nombreuses recherches en Europe, mais qu'elles ne sont pas toujours bien équilibrées entre les différentes disciplines et que des duplications existent", a indiqué le Dr Agnès Rortais, biologiste et scientifique spécialiste des abeilles à l'Efsa.
Les projets de recherche financés par la Commission européenne portant sur les traitements des ruches et sur l'exposition des abeilles aux produits chimiques "ne sont pas représentés ou sont absents", indique l'Efsa. De même, les études coordonnées par les Etats membres sur la diversité des abeilles pollinisatrices "sont rares".
L'Efsa pointe une pénurie de travaux sur les abeilles autres que les abeilles mellifères et, "même pour ces dernières, les études se concentrent uniquement sur quelques sous-espèces, alors qu'il existe une grande diversité, avec des adaptations locales en Europe", précise le Dr Rortais. Les recherches manquent aussi en ce qui concerne les problèmes de reproduction des reines et des abeilles mâles, observés par les apiculteurs.
Développer une méthodologie d'évaluation
Que ce soit au niveau de la Commission et des Etats membres, le nombre de projets portant sur l'évaluation des facteurs multiples de stress chez les abeilles est également "faible", ajoute l'Efsa. "Or, nous savons que dans leur milieu naturel, les abeilles sont confrontées à toute une série de facteurs de stress. Il nous faut donc améliorer d'urgence notre compréhension de la manière dont ces facteurs se combinent et interagissent", a prévenu le Dr Rortais en appelant à une coopération renforcée des agences de l'UE, des Etats membres et des chercheurs sur cette question.
Les projets de recherche de l'Efsa ont principalement porté sur l'évaluation des risques des pesticides sur les abeilles. "Notre analyse nous a appris que, par rapport à l'Efsa, les Etats membres et la Commission européenne se sont davantage investis dans des travaux de recherche sur les effets des facteurs de stress biologiques sur les abeilles, tandis qu'en ce qui concerne les facteurs de stress chimiques, les rôles sont inversés. Il est donc judicieux de combiner nos domaines respectifs d'expertise, car nous cherchons à développer une méthode permettant d'évaluer les effets combinés de ces facteurs de stress", préconise le Dr Rortais.
Un groupe de travail spécialisé, récemment créé par l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses), est chargé de procéder à un examen de la littérature scientifique portant sur les interactions entre ces différents facteurs de stress.
L'Efsa recommande également "la création d'une banque de données centralisée et libre d'accès, qui recenserait les informations et les méthodes pouvant être utilisées pour évaluer les risques de facteurs de stress individuels et multiples". Renforcer l'évaluation des effets chroniques des doses sublétales de pesticides "dans des conditions de terrain" est également préconisé.
En mai 2013, à l'occasion d'un colloque scientifique organisé par l'Efsa, Pascal Hendrikx de l'Anses avait souligné "les progrès" réalisés dans la mise en place d'un programme standardisé de surveillance des abeilles à l'échelle européenne grâce au laboratoire de référence de l'UE pour la santé des abeilles. Il avait annoncé qu'un protocole normalisé avait déjà été établi dans 17 Etats membres "ayant en commun les mêmes méthodes d'échantillonnage, questionnaires de visite et formation des inspecteurs apicoles".



relayé par Camille Farout

source :  http://www.actu-environnement.com

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